Thomas Fersen, en vers et contre tout

Un nouvel album sort aujourd’hui :
« Un coup de Queue de Vache »

A ACHETER ET ECOUTER D’URGENCE

Pour cet album, il quitte Tôt ou Tard, son label historique, et s’auto-produit. Les raisons ? Il n’a plus le soutient de la maison de disques. Probablement trop poétique, trop authentique, trop créatif…

Mais je ne parlerais pas de Fersen et de son disque aussi bien que lui-même. Je vous propose de lire un article de l’AFP datant du 23.01.2017


« Un coup de queue de vache, ça fait mal, ça déstabilise aussi », affirme Thomas Fersen, qui convoque une fois de plus son bestiaire pour raconter ses histoires poétiques mais aussi exprimer son désarroi face à l’industrie du disque.

Un coup de queue de vache est à la fois le titre de son 10e album, qui sort vendredi, et du morceau d’ouverture particulièrement enlevé, porté par un quintet de cordes qui s’est invité dans l’univers musical habituellement plus minimaliste de l’auteur-interprète parisien. Si la mélodie est enjouée, les paroles du refrain (Depuis qu’j’ai eu mon accident/J’ai perdu un peu d’mon panache/Et puis j’ai perdu toutes mes dents/J’ai pris un coup de queue de vache) sont plus désabusées. « J’ai voulu parler d’un accident et d’un coq qui passait là au mauvais moment. Le coq c’est un peu le chanteur, un peu la France aussi », explique Thomas Fersen, en recevant l’AFP dans son appartement parisien.

« Je me sens assez secoué par plusieurs choses », détaille-t-il. « D’abord le fait d’être chahuté par l’industrie du disque depuis plusieurs années. Pour cet album, j’ai quitté (le label) Tôt ou tard. C’est quand même la fin d’une histoire de 25 ans. Et puis secoué parce que la vie vous secoue, elle est difficile. Mais on repart. Comme le coq, même en titubant. »

C’est plus fort que lui, Thomas Fersen ne peut s’empêcher de convoquer l’imagerie animalière dans la conversation.

« Plus dans l’avenir »

Nulle métaphore pourtant pour dévoiler les raisons l’ayant poussé à s’auto-produire pour la première fois. « L’industrie m’a fait comprendre que je n’étais plus dans l’avenir. Car le modèle qui s’installe aujourd’hui c’est le streaming et il fonctionne avec une certaine partie du marché, les jeunes qui ont un comportement compulsif sur un certain type de musique. »

Le chanteur Thomas Fersen sur la scène de l'Olympia le 22 février 2006 à Paris (AFP/PIERRE ANDRIEU)
Le chanteur Thomas Fersen sur la scène de l’Olympia le 22 février 2006 à Paris (AFP/PIERRE ANDRIEU)

Voilà presque 25 ans pourtant que le chanteur pose sa voix doucement éraillée sur ses contes à l’imaginaire foisonnant. Pionnier de cette nouvelle chanson française née au début des années 1990, son étoile brille aujourd’hui un peu moins que celle d’un Miossec ou d’un Dominique A. Cette réalité, pour l’élégant artiste de 54 ans, se traduit par « une prise de risque financière monstrueuse » pour faire cet album, avec l’aménagement d’un « home studio » chez lui. Porté par sa verve poétique, Thomas Fersen est passé maître dans l’art de raconter des histoires universelles en trois minutes, avec ce fameux ton décalé et tous ces animaux.

Etudié dans les écoles

« L’imagerie du bestiaire, je l’avais mise de côté, parce que j’avais l’impression que j’allais être enterré dessous », dit celui dont plusieurs chansons comme La chauve-souris ou Les malheurs du lion sont étudiées dans les écoles. « Si je peux continuer à travailler, sans le vouloir ainsi, c’est parce que les enfants me soutiennent! »

Si ce nouvel opus reflète les états d’âme de son auteur, certains titres font néanmoins la part belle à la légèreté (Big-bang), à l’amour naissant (Les petits sabots) et invitent même à la danse (La pachanga). « Il faut du temps à l’auditeur pour rentrer dans l’album », concède toutefois Thomas Fersen. « Il y a tellement d’informations qu’il peut rester à la porte. Mon parti pris c’est qu’on prenne le temps d’écouter les choses. Je suis anachronique, mais c’est ma façon de lutter. » 

Un « combat » qui va se prolonger devant le public, seul au piano ou accompagné de ses nouveaux musiciens à cordes, comme au Théâtre de l’Oeuvre à Paris (21 mars-1er avril).

« La scène a structuré mon écriture autour du spectacle vivant. Je suis dans le récit. Je m’adresse aux gens, non seulement dans mes chansons mais également dans des monologues, des poèmes », déclamés sans musique, dit le chanteur. « Ce sont des moments où je raconte un peu ma vie, c’est en vers »: une forme à laquelle il reste « extrêmement attaché ».

 

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